RBL (recherche et expérimentation)

J’ai entrepris la recherche sur la figure du rebelle dans les différents contextes historiques et fictionnels. Je suis venu à la conclusion que, si on additionne les idées du capitalisme néolibéral, l’omniprésence de la société de contrôle et la crainte croissante de l’altérité, la figure du rebelle a acquiert une connotation négative. Parmi les jeunes, les réseaux sociaux remplacent la culture alternative et la révolte.Pourtant je crois que nous en avons besoin. Ce n’est pas que les idées et les idéaux, ou, au contraire, l’image romantique du “rebelle sans cause” qui conduit un mouvement de contestation, mais aussi le besoin de ne pas se soumettre et garder la foi dans une vie meilleure. Il existe toujours un part d’énergie créative et positive dans la rébellion. “La poursuite du bonheur individuel a été reconnue comme un droit universel. Pourtant, les conditions sociales existantes rendent l’individu impuissant. Il vit une contradiction entre ce qu’il est et ce qu’il voudrait être. Soit il devient pleinement conscient de cette contradiction et des causes et se joint ainsi à la lutte politique; ou bien il vit, continuellement sujet à une envie, qui, aggravée par son sentiment d’impuissance, se dissout dans des rêves quotidiens récurrents” écrit Stephen Duncombe, le cofondateur et co-directeur du Centre d’activisme créatif, un institut de recherche et de formation qui aide les militants à développer davantage leur sens artistique et aux artistes à se comporter davantage en militant. Dans ce sens, la danse peut sûrement être le mouvement de résistance, « la lutte politique» permettant de ne pas se dissoudre dans des «rêves quotidiennes récurrents».

Donc l’intention de ma recherche et l’expérimentation qui va s’en suivre est de réhabiliter la figure du rebelle et trouver une forme de rébellion qui fait sens pour moi, pour créer une sorte de rituel personnel.

Une sorte de rituel de rébellion à travers le rythme, la danse, la musique et la parole. Qui cherche à inviter à la fête tout d’abord mes démones rebelles. Démones qui ne sont pas du tout diaboliques, comme d’ailleurs dans le plupart de traditions chamaniques, mais représentent chacune une sorte d’énergie rebelle différente. Il y a une sorcière, une hippie, une qui fait du rap et exprime comme ça cette énergie de contestation, une qui aime débattre, jamais violente, il y a une très physique, qui sent l’énergie rebelle naître d’abord dans son ventre et devenir une bulle qui circule dans son corps, une femen et tant d’autres. Ça pourrait être un rituel contre cette impuissance dont parle S.Duncombe, un rituel qui me rendrait plus forte, et aussi tout ceux qui y participerait. Dans cette optique, la possession jouerait un rôle efficace contre l’organisation sociale en place, la normalité, et je laisse le mot à Michel Leiris qui écrit (1958): “ Être un autre que soi, se dépasser dans l’enthousiasme ou dans la transe, n’est-ce pas un des besoins fondamentaux des hommes et ne doit-on pas porter à l’actif de maintes sociétés non ou peu industrialisées de s’être dotées des moyens de répondre, de la façon la plus directe et la plus corporelle si l’on peut dire, à ce besoin que ne saurait satisfaire aucune organisation sociale axée sur la production sociale pure et, de ce fait, plus ou moins fermée à l’irrationnel ? ”.

Résidences: Garage29, Tanzhaus Zurich, PDSW – Pavilion Dance South West, Bournemouth, Royaume-Uni, avec l’aide du Conseil Lituanien de la Culture, Kaunas Chamber Theater, Lituanie
https://www.pdsw.org.uk/news/pdsw-lithuanian-artists/