La performance « Ce n’est pas ton rêve » est l’un des aboutissements de la recherche qui a surgit durant des confinements en expérimentant avec le mouvement, la musique et les contenus qui varient entre le rap, le flux d’associations libres et les slogans. Elle tend, contrairement à la réglementation de la disconnection pandémique, à me connecter, moi et mes pratiques, aux autres et, plus encore, à créer une sensation de la connexion et communauté chez les spectateurs. En proposant des interprétations inattendues de la figure de rebelle, la performance invite à générer et à partager l’énergie positive et créative qui réside dans le fait de ne pas être d’accord, de s’accorder le besoin de questionner les formes de vie et les règles, d’expérimenter avec ces règles et les transcender, d’initier ses propres mouvements soutterains, de ne pas se soumettre et garder la foi dans une possibilité d’une meilleure fonctionnement.
Version complète de la performance en ligne en français (45 min.), mot de passe 2019video3CL: https://vimeo.com/738543882
«Dans la première partie de la performance je m’approprie le rap, comme moyen de revendiquer son soi et de s’ouvrir au monde à travers un regard conscient. La méthode consiste à, moins que d’imiter le rap, à appliquer ses règles, avec une distance inévitable et l’humour nécessaire. J’y découvre une extrême corporalité des mots – ils ont des formes, des vitesses, des factures incroyables, ils claquent, ils mordent, ils te prennent aux tripes. Le syntaxe même du rap est en rébellion: l’ordre des mots, le séquençage du sujet, verbe, objet se trouvent souvent chamboulés. Je m’empare de ses mots, en répétition, en looping, jusqu’à ce qu’ils perdent leur sens et deviennent le marmonnement abstrait – mumble rap. Puis soudainement ils retrouvent leur sens, mais déjà modifié. Cette sémantique si spécifique au rap, les allers-retours entre le concret et l’abstrait, le sensible et l’absurde, je la mets en pratique aussi dans la production de mouvement.
Dans un sens, cette performance est une sorte de rituel de rébellion, construit à travers la musique, la danse et la parole. Je mentionne ici le rituel parce qu’il repose sur l’apprentissage d’une autre réalité sensorielle. Donc l’ouïe, donc le son et le rythme y joue un rôle capital. Par les moyens de production musicale, on fait éclore une altérité sonore qui est le résultat de ma propre voix et avec laquelle je peux interagir ensuite, en cherchant «de quelle mesure la pensée symbolique est-elle capable de créer des mondes virtuels qui sont réels par leurs effets». Ce processus se répète jusqu’à ce que plusieurs existences sonores peuplent l’espace en renvoyant au contexte de moment de désobéissance civile, moment de désordre . La recherche chorégraphique est basée sur la lecture des vidéos des manifestations ou d’autres rassemblements moins organisés. En observant, détaillant, étudiant et apprenant ces actions comme des partitions, j’ai développé une méthode pour clarifier les gestes, définir la composition spatiale, explorer les tensions, articuler des prises de pouvoir, jouer entre l’impuissance et la puissance. Tout en observant, comment les gestes, retirés de leur contexte original de rassemblement, perdent leur côté prosaïque pour devenir écriture chorégraphique.»
Vilma Pitrinaite
Par et avec: Vilma Pitrinaite
Création son: „Jesus works untill 3“ et Vilma Pitrinaite
Création vidéo: Zoltan Molnar, Valentin Duron
Costumes: Alexandra Sebbag
Regards extérieurs: Mantas Stabacinskas, Rasa Alksnyte
Coproduction: Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles Charleroi danse, Conseil pour la Culture en Lituanie
Soutiens: Festival la Nouvelle Danse Baltique, Association Lituanienne pour la Danse, Grand Studio Bruxelles, BUDA Kortrijk, Centre Culturel Jacques Franck, Garage29, PDSW Pavilion Dance South West, Kaunas Chamber Theatre, Kaunas Artist House, TROIS C-L – Centre de Création Chorégraphique Luxembourgeois
Il existe aussi, en tant que résultats de la recherche RBL, une performance en ligne et en direct « Tai ne tavo sapnas » en lituanien (sous-titres en anglais) et une performance live « It’s not your dream » en anglais (work in progress).